La recherche d’un logement en ville s’avère de plus en plus difficile : les familles, les travailleuses et travailleurs, les jeunes et les migrant.e.s sont de plus en plus poussés hors de l’espace urbain, car les rares logements libres qui existent encore sont à peine payables. Pourtant, l’article 41, alinéa 1, lettre e, de la Constitution suisse contient en réalité des objectifs sociaux : la Confédération et les cantons doivent s’engager à ce que « toute personne en quête d’un logement puisse trouver, pour elle-même et sa famille, un logement approprié à des conditions supportables ». Une étude publiée récemment s’est penchée sur la question de savoir dans quelle mesure ces objectifs sociaux ont effectivement été pris en compte par le droit du bail en vigueur.
Sans surprise, l’étude a conclu que ces objectifs n’avaient pas été atteints. Selon l’indice des loyers, les loyers ont augmenté de 36,2 % de plus entre 2006 et 2021 que ce à quoi on aurait pu s’attendre selon le droit de bail en vigueur. Rien qu’en 2021, les locataires ont ainsi payé 10,4 milliards de francs de loyer en trop. Sur l’ensemble de la période étudiée, cela représente 78 milliards de trop. Cette redistribution flagrante des locataires vers les propriétaires est un scandale contre lequel nous nous insurgeons. L’écart se creuse également parmi les locataires. Alors que pour les ménages les plus aisés, les frais de logement ont baissé de 2 points pour atteindre 10% du revenu disponible, ils ont augmenté de 4 points pour atteindre 36% pour les ménages les plus modestes. Nous sommes donc confrontés à une double redistribution vers les riches de notre société.
Le droit du bail en vigueur ne protège donc pas suffisamment les locataires. Aujourd’hui, les particuliers propriétaires de leur logement, les propriétaires de terrains à bâtir et les bailleurs en profitent, tandis que les personnes des classes moyennes et populaires ont de plus en plus de mal à s’en sortir. Nous demandons une forte extension du droit de bail : le principe du loyer basé sur les coûts, ancré dans la loi, doit être contrôlé et appliqué de manière plus conséquente et de meilleures bases doivent être créées pour pouvoir contester les loyers de départ abusifs. En effet, ces derniers sont souvent augmentés malgré la baisse des coûts.
Nous nous y opposons ! Nous déclarons la guerre aux profits scandaleux que les possédants réalisent sur le dos des travailleuses et travailleurs. Nous demandons des loyers abordables, une protection renforcée contre les abus, davantage de construction de logements sociaux et ainsi la fin de la redistribution vers le haut. Pour une ville où tout le monde peut se loger, car : le droit au logement est un droit fondamental.